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La R.D. Congo pose ses conditions face à l’appétit européen pour ses minerais

31 Mai 2025

La R.D. Congo pose ses conditions face à l’appétit européen pour ses minerais

La République Démocratique du Congo (RDC) se trouve à un moment décisif de son histoire économique, cherchant à redéfinir sa relation avec l'Union Européenne (UE) concernant l'exploitation de ses importantes ressources minérales. Les négociations en cours entre Kinshasa et Bruxelles ne se limitent pas à l'extraction de matières premières. Elles portent également sur la transformation de l'industrie minière congolaise en un moteur de développement durable et de progrès technologique. Cet article analyse les enjeux de ces négociations, les exigences de la RDC, et les défis à relever pour une coopération mutuellement profitable.

La République Démocratique du Congo entend bien peser dans la balance de la transition énergétique mondiale. Une délégation de parlementaires européens, en visite à Kinshasa ce 29 mai 2025, a pu mesurer la détermination du gouvernement congolais à ne plus être un simple fournisseur de matières premières brutes. Les discussions avec le Ministère des Mines ont mis en lumière une volonté claire : transformer l’exploitation des ressources minérales en un levier de développement industriel et technologique pour le pays.[1]

Au centre des échanges, la coopération stratégique entre l’Union Européenne et la RDC. Si Bruxelles cherche à sécuriser ses approvisionnements en minerais essentiels pour ses ambitions écologiques, Kinshasa réclame des partenariats allant au-delà de l’extraction. Le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, a insisté sur la nécessité de développer des filières de transformation locales. Il a cité des projets concrets, comme le traitement du manganèse à Luozi ou la valorisation du germanium, illustrant les cinq axes stratégiques d’industrialisation minière portés par son administration. L’implication des communautés locales dans ces projets a été présentée comme une priorité.

La RDC, qui a fourni environ 170 000 tonnes de cobalt en 2023, soit près des trois quarts de la production mondiale selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS), est consciente de son rôle incontournable. Cette position lui permet d’exiger plus de transparence dans le secteur et une lutte accrue contre le trafic illicite qui prive le pays de revenus substantiels. Les préoccupations européennes concernant l’efficacité des mécanismes de suivi et le respect des droits humains dans certains accords ont été entendues, mais le ministre a rappelé la primauté de la souveraineté nationale dans la gestion des ressources.

La question douloureuse du travail des enfants dans les mines a également été abordée. Le ministre Pakabomba a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à éradiquer ce phénomène, tout en sollicitant un appui européen plus conséquent pour y parvenir. Des progrès semblent toutefois en cours, l’exploitation artisanale ne représentant plus que 2% de la production nationale de cobalt en 2024, d’après un rapport récent relayé par l’Agence Ecofin, même si la vigilance reste de mise.

Face aux défis sécuritaires persistants, notamment dans l’Est du pays où des groupes armés contrôlent certaines zones minières, le gouvernement a détaillé les mesures prises : classement de zones rouges, poursuites judiciaires contre les trafiquants et saisies de minerais exploités illégalement. La RDC attend de ses partenaires internationaux une coopération équitable, se traduisant par des projets tangibles. « Nous ne voulons pas de simples engagements sur papier, mais des projets qui transforment nos réalités », a martelé le ministre.


Pour clore, la République Démocratique du Congo se positionne avec détermination face aux enjeux de la transition énergétique mondiale. Les négociations avec l'Union Européenne témoignent d'une volonté affirmée de ne plus se contenter d'être un simple fournisseur de matières premières, mais de devenir un acteur clé dans la transformation et la valorisation de ses ressources minérales. L'avenir de cette collaboration dépendra de la capacité des partenaires à élaborer des projets concrets, respectueux des communautés locales et porteurs de développement durable pour le pays.

La RDC, forte de ses richesses naturelles, aspire à un partenariat équitable où la souveraineté nationale et les intérêts de son peuple sont au cœur des décisions. L'espoir réside dans une coopération renforcée, capable de transformer les défis en opportunités, pour un avenir prospère et inclusif pour tous les Congolais.


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